Citra Asraël [END]

Un soupir venait de franchir ses lèvres lorsque l'inconnu face à elle demandant à ce qu'elle se décrive. Comment dire que cette question peut paraître bizarre et que, surtout, Citra n'est pas du genre à s'intéresser à cela. Néanmoins, elle se prête au jeu en prenant la parole :

"Je ne peux pas dire que je sorte du lot si l'on me compare aux autres filles de ce monde. Du haut de mes, un mètre soixante pour un poids un peu moindre que la normale, je possède deux grands yeux saphir très expressif. Il est facile de savoir si je suis de bonne humeur ou non, grâce à mon regard. Du moins, c'est ce que l'on pensera très vite, mais la réalité est tout autre - il est facile que de jouer un rôle et ainsi, tromper notre entourage -. Malgré mon caractère, quelque peu qualifié de garçons manqués, je montre que je suis bel et bien une femme. D'une part, grâce à ma chevelure cuivrée arrivant aux épaules - ainsi que deux bijoux retenant des mèches de chaque côté de mon visage -. D'autre part, j'aime porter une tenue à la fois élégante et pratique pour les combats."

Une réplique de l'inconnu lui fait froncer sensiblement les sourcils. Il a raison, certes, mais il n'est pas non plus obliger de mettre sur le devant de la scène, cet aspect particulier. Sa voix se fait donc un peu moins jovial.

"Vous savez, vous n'êtes pas obligé de me rappeler que je fais plus jeune que mon âge et que je ne possède pas des attributs très voyant. Ou alors, vous pouvez le dire, mais avec plus de tact bien que je ne sois pas la meilleure personne pour donner ce genre de conseil. En effet, je peux dire que je suis un peu plate, avec juste quelques formes rappelant mon aspect féminin. Cependant, cela ne me gêne aucunement, car étant plus pratique pour se battre. Après, je peux peut-être vous avouer quelque chose... Je n'aime pas le montrer, mais il s'avère que dans mon dos, vous pourrez voir un jour une cicatrice assez imposante au niveau de mon omoplate droite."

Baissant la tête, Citra laisse le silence planer quelques instants. Si l'on y fait un peu plus attention, l'inconnu peut comprendre que la demoiselle ne semble pas très à l'aise suite à cet aveu. Alors, il ne cherche pas plus et change de sujet afin de ne pas la rendre plus renfermer qu'elle l'est pour le moment. Le physique ayant étant abordé, bien que vite fait, c'est au tour du mental, un élément très important afin de comprendre qui est vraiment Citra. Sursautant légèrement au changement de sujet, la concernée se met à réfléchir. Il est difficile que de se décrire mentalement - vu que la personne que l'on connaît le moins est soi-même -. Toutefois, il est quand même possible de faire un vague portrait.

"Je dirai que j'ai un caractère de cochon. Je parle bruyamment, dans un langage peu subtil pour une demoiselle comme moi. Pourtant, cela ne veut pas pour autant dire que je suis un cas à part. Comme tout le monde, j'ai des qualités et des défauts. Par exemple, il est vrai que ma façon de parler fait plus penser à un homme qu'une femme, mais d'un autre côté, cela me permet de m'intégrer assez rapidement - car je ne manque pas d'humour -. Ne vous inquiétez pas, je sais être respectueuse. Comment je ferais si je ne l'étais pas avec mes camarades ? Il faut savoir faire la part des choses et je ne suis certainement pas quelqu'un qui va désobéir ou répondre à mes supérieurs comme cela, à moins d'avoir une raison valable et en béton.

D'un naturel curieux, je suis le genre de personne à se poser de nombreuses questions sur tout et n'importe quoi. Pourquoi ne pas chercher à en apprendre plus sur le monde qui nous entoure au lieu de se cantonner à ce que l'on a déjà ? C'est tellement plus excitant de découvrir l'inconnu, il faut toutefois faire attention. Et oui, cette curiosité est aussi un grand défaut et je reconnais que je peux parfois être pesante à force de trop vouloir apprendre de nouvelles choses. Puis, on est vite sujet au danger."

Elle rigole toute seule comme s'il fallait trouver ce qui était drôle à ce qu'elle venait de dire - chose, qui n'était pas vraiment le cas en y réfléchissant bien - C'est que cette rouquine est aussi un peu folle et très certainement pas, toute seule dans sa petite tête.

"On m'a souvent dit que j'étais quelqu'un capable d'écouter les gens sans les juger pour autant. Je les mets donc en confiances et ils peuvent être eux-mêmes. Dis comme cela, je dois bien avouer que je suis heureuse. Pourquoi donc ? Bah parce que je peux aider, me sentir utile enfin. Toutefois, même si mes oreilles sont grandes ouverts pour les autres, je ne suis pas du genre à confier mes angoisses ou autres problèmes du même style. Non pas parce que je n'ai pas confiance en eux ou que je ne les aime pas. En fait, j'ai toujours peur de les déranger, alors je préfère enfouir au fond de moi mes problèmes, montrant toujours une bonne image de ma personne."

Son visage, ce mu en une petite moue de gamine tandis qu'elle semble réfléchir intensément sur ce qu'elle pourrait rajouter de plus. Peut-être devrait-elle parler du fait que la demoiselle fait un effort de nos jours à ne pas être aussi impulsive qu'avant... Dans un râlement, Citra ébouriffe l'arrière de son crâne, ses cheveux s’entremêlant entre eux et créant ainsi quelques nœuds récalcitrants.

"Rahh, vous savez quoi ? Je préfère garder un peu de mystère et vous faire découvrir mes multiples facettes plus tard. Cela sera très certainement plus drôle, et plus, captivant. Passons à la suite si vous le voulez bien."

Citra se tortille sur sa chaise, visiblement désireuse de quitter cet endroit enfin de se dégourdir un peu les jambes. Toutefois, l'entrevue n'est pas finie et elle doit encore parler de quelque chose d'important. Sa vie ce fait certes en un peu plus d'une vingtaine d'années, mais il est certain que la rouquine saura se concentrer sur l'essentiel. Encore un peu de patience.

"Vous savez, ma vie n'a rien de bien passionnant. Comme tout être dans ce monde - sauf erreur de ma part -, j'ai vu le jour grâce à l'union d'un homme et d'une femme. Je ne saurais dire de quelle mélange de race je viens, vu que même parents sont déjà des sangs mêlés. D'après ce que l'on m'a raconté, je suis née chez moi, à Catane, ancienne capitale d'Ovkianos et ce, par un temps relativement frais - même si cette information n'est qu'un détail parmi tant d'autres -.

Avant moi, mes parents avaient pu déjà goûter à la joie de la paternité. Et oui, je ne suis pas fille unique et je veux bien vous présenter mon charmant frère si l'envie vous vient. Il est très gentil, bien qu'un peu trop protecteur avec sa petite soeur adorée. C'est très certainement lui qui m'a appris à ne pas être très féminine, mais je ne lui en veux pas, car il est aussi celui qui a su m'apprendre à manier des dagues alors que je n'avais que douze ans et lui, le double. Je pense qu'il a voulu que j'apprenne à me défendre avant de partir de la maison pour mener sa propre vie. "

En repensant à Nelos, Citra ne peut retenir un sourire affectueux, montrant ainsi tout l'amour qu'elle porte pour son grand frère. D'ailleurs, elle se demande ce qu'il devient et voudrait le revoir afin de discuter tranquillement autour d'un bon repas.

"Avant de quitter ma ville pour la capitale, j'ai eu tout le temps pour suivre une éducation standard et me faire aussi des amis. Et oui, rien de passionnant comme j'ai pu déjà vous le dire. De toute manière, doit-on réellement vivre quelque chose d'épique afin de rendre une vie intéressante ? J'ai eu la chance de profiter de l'amour de mes parents, de mes proches. Bien entendu, il y a eu des jours où mon moral n'était pas au beau fixe. Néanmoins, avec un peu de volonté, on arrive plus ou moins à se ressaisir et à aller de l'avant.

Une fois arrivée à Ādega avec ma famille, j'ai vite pris conscience des menaces qui plainent. Après, je ne vais pas dire qu'il n'y en avait pas à Catane, mais c'était moins flagrant. Je ne compte plus le nombre de fois ou ma mère a perdu des affaires à cause des voleurs, alors qu'elle voulait tout simplement profiter de la ville. Peut-être que cela m'a donné une raison de plus pour intégrer la marine - qui déjà me rendait très envieuse d'y faire partie -.

C'est la voie que j'ai choisie et mes personnes n'a le droit de me dire quoi que ce soit. Je suis une grande fille à présent. Vingt-trois ans, ça se fête non ? Même mon charmant furet que mon père m'a offert pour mes vingt ans et d'accord avec moi. Enfin, lui ce n'est pas l'avis le plus utile du monde, tant qu'il peut s'amuser et avoir des câlins."