elle se libère de songes névrosés. ceux des enfants. ceux des mômes animés par la peur d’être abandonnés. ceux façonnés par un moment où l’on se pense égaré dans la forêt avant de retrouver le visage énamouré de sa mère. ceux réservés aux amoureux de la race humaine ayant quelque chose à chérir.
et son regard se promène sur la cime des vieux arbres, à mesure que sa colonne vertébrale retrouve le confort relatif du sol où gèlent la mousse et la pelouse sauvageonne. son cœur s’apaise. ses pleurs muets et secs achèvent de se tarir jusqu’à n’être guère plus qu’un souvenir dénué de couleurs et d’odeurs. ne demeure que le son entêtant de la musique ; une douce mélodie qui emplissait la cité enclavée à son départ. un air qu’elle fredonne sans même le réaliser. ses membres s’étirent au-dessus de son crâne, enveloppés d’un épais manteau pour ne pas devenir comme les branches des chênes centenaires — c’est-à-dire pétrifiés et immuables jusqu’à ce qu’un imprudent brise ce qui était censé ne jamais changer. la fatigue frôle son corps avant de prendre congé.
de façon temporaire, évidemment. demain, le sommeil se présentera à nouveau. et le jour d’après. le suivant, aussi. une ritournelle savamment orchestrée. mais elle reste là, immobile. comme dévorée par ses propres rêves, la gosse du soleil observe les vagues dessinées au creux des cieux par les nuages.
pourquoi l’eau est bleue ?
sa question tombe et déchire le silence. quelque chose d’un peu idiot et qui la hante lorsque ses billes croisent le liquide sombre du lac. et la mer ? comment est la mer ?