dessine moi un poney ▬ epona ( end )

Epona. Parce qu'elle a décidé qu'il n'en serait pas autrement. Trop attachée au surnom. Elle est si tenace. Incapable de laisser quoi que se soit lui filer entre les doigts. La faute à son éducation probablement. Plus têtue qu'une mule dira-t-on. Epona, on la remarque facilement. Avec ses grands gestes, ses joues souvent rosies d’essoufflement, et puis avec sa voix qui porte si loin. Plus, jeune, elle était ce genre d'enfant à préférer la compagnie des autres petits garçons. A se bagarrer. Et se rouler dans la boue. En grandissant elle a changé, un peu. Elle ne se roule plus dans la boue. Malgré ce qu'on pourrait croire, Epona n'est pas si vénale. Bien entendu, elle ne se laissera pas se faire arnaquer, et elle ne laissera aucun client partir sans avoir payé l'intégralité. Elle plutôt adorable. Elle sera gentille avec et tout le monde. Pour elle la frontière entre client est assez mince. Elle ne la voit pas vraiment.
Ce qui peut mener lieu à certaines confrontations un peu particulières. Elle sera parfois trop familière avec un client. Et trop formelle avec un ami. Elle confond parfois. Elle est assez maladroite en soit. Elle ce qui l'intéresse ce sont les chevaux et l'argent qu'elle finit par en tirer. Elle n'aime pas non plus se retrouver seule. Mais n'a jamais été capable de réellement faire le premier pas. Cependant, une fois lancée, on ne l'arrête plus. On peut avoir du mal avec Epona, ne pas savoir si elle est honnête ou pas. Elle se comporte de la même façon avec tout le monde. Et pourtant, elle s'énerve. Elle pleure. Elle rit. Seulement, elle n'en fait pas nécessairement part. Elle aime garder ces émotions négatives pour elle. Pour les transcrire ensuite dans un journal. Quelque part, elle est trop attachée à l'image qu'on se fait d'elle. Elle aime être cette personne lumineuse. Qui rit. Et qui ne s'énerve que si rarement. Majoritairement lorsqu'on parle en mal de ses animaux. Elle aime que sa réputation soit bonne. Mais ce qu'elle préfère, c'est le regard satisfait de son père. Le fait qu'il soit fier d'elle. La plus merveilleuse des récompenses.
Epona est assez vantarde. Elle aime faire savoir ce qu'elle a fait. Elle ne dévoilera jamais les secrets de l'élevage, mais elle adore faire savoir que c'est elle qui s'est occupée de telle ou telle monture. Elle adorera ensuite faire savoir qu'elle a réussi une vente. Ou alors que tel client est très content de l'animal qu'elle lui a fait acheté. Elle se met souvent en avant. Mais finalement, c'est creux tout ça. Comme si elle ne vivait qu'à travers ce que ces parents avaient fait d'elle. Une éleveuse et commerçante de chevaux. Bête et méchante. Paraissant comme si ça plus haute ambition était de se faire une réputation digne de prendre la relève le jour venu. Pourtant non. Elle rêve de plus. Elle veut voir le monde de ses yeux. Par ses propres moyens. Découvrir le monde seule. S'en faire son image. Le parcourir. Seule ou non. Sauf qu'elle est plutôt terre à terre comme personne. Elle a cette certitude peut-être erronée qu'elle ne quittera les terres de Fuguen dans le seul but de s'établir ailleurs. Surtout qu'elle n'est pas sûre d'aimer l'idée de laisser ses parents seuls.

Epona a un physique relativement classique. Ni grande ni petite. Ni trop formée ni pas assez. L'été sa peau prend une jolie teinte sous l'effet du bronzage, mais sinon, elle est plutôt pale. Elle a ce visage un peu rond qui lui donne de vagues airs de poupée. Pour ne pas avoir à s'embêter, elle garde ses cheveux au niveau de ses épaules, comme ça ils ne sont pas assez longs pour l'ennuyer. Ils ont cette couleur particulière, à mi-chemin entre le roux et le châtain.

Un cri retentit. Le bruit assourdissant d'un coup de sabot cognant le bois de l'écurie. La jeune Maya s'énerve, et cri encore. Puis, on accourt. De peur que l'enfant ne fut blessée d'une quelconque manière. De loin, on ne pouvait réellement comprendre ce qu'elle beuglait. Mais heureusement, il était encore tôt, trop tôt pour que les clients aient commencé à envahir l'endroit. Alors, c'est moins grave, elle pouvait encore attirer l'attention de cette façon si désagréable. Il ne fallait pas croire qu'on ne l'aimait pas. Au contraire, elle était seulement trop turbulente. En se rapprochant les sons devenaient plus clairs. Encore une fois, elle avait laissé entrer une poule qui venait de la ferme des voisins, dans l'écurie. Ce qui générait toujours ce vacarme abrutissant.

« Maya, ne cri pas, elle finira par sortir d'elle-même une fois qu'elle aura prit un coup de sabot. Mais s'il te plaît, cesse de beugler. »  

La voix calme mais pourtant si ferme. Elle ne pouvait se défiler aux ordres. Ainsi, l'enfant s'excusa. Désolée d'avoir laisser entrer la volaille, encore plus d'avoir pu déranger son père. Elle avait peur de son père, et elle estimait qu'il n'y avait que des fous pour ne pas la suivre dans cette pensée. Elle le voyait comme un géant, avec ces grosses mains caleuse, elle n'aurait pas aimé se prendre une claque. Son père était un homme fort et travailleur, qui avait jusque là toujours réussi à prévenir le moindre vol de cheval. Il était imposant. Ainsi, on ne voulait pas le forcer à se servir de ce couteau de cuisine avec lequel il avait l'habitude de menacer les brigands. Il était son héros. Sans doute était-ce parce qu'il était originaire de Rhivarion qu'il était si imposant.

Après, Maya partit en courant vaquer à d'autres occupations. Bientôt il serait l'heure d'ouvrir, et il valait mieux qu'elle ne reste pas dans les pattes de ses parents, pour ne pas qu'elle fasse perdre une vente. Maya supportait mal le fait de se séparer des chevaux. Elle n'aimait pas l'idée de les voir partir. Elle avait passé du temps avec eux, à s'en occuper, les bichonner. Les nourrir. Et même bien souvent, elle avait nettoyer leurs cacas. Avec ça, comment aurait-elle pu ne pas s'attacher à eux ? Elle avait d'ailleurs peur qu'un jour on vende son poney. Alors, autant que possible, elle tentait de passer du temps avec, et surtout de l'écarter au moins un peu pour qu'il ne soit pas trop vu. Ensuite, elle rejoignait d'autres enfants pour jouer avec eux.

Soleil ne fut jamais vendu. Maya pu grandir avec, elle approchait de son douzième anniversaire lorsqu'elle Soleil mourut. Elle s'était attachée à lui alors qu'elle était encore petite. Et alors, elle n'avait pas conscience du fait qu'il n'était plus tout jeune, et qu'un jour il mourait. Elle resterait là, bien vivante. Capable de courir, manger, jouer. Mais lui ne serait plus là. Jamais. Elle comprit, à sa mort, pourquoi il n'avait jamais été vendu, au-delà du fait qu'elle se l'était approprié. Il était trop vieux pour être vendu. Il n'y avait pas vraiment de bénéfices à faire sur une bête âgée, alors ils avaient laissé l'enfant s'y attacher, sachant qu'un jour son cœur serait brisé. Le déclic qu'elle eut fut brutal. Une semaine passa sans qu'elle ne sorte de sa chambre. La devise de la famille rappelant tout le temps qu'un cheval était un compagnon pour la vie. Plus fidèle et loyal qu'un homme. Ainsi, elle le vécu comme le décès d'un membre de la famille. La perte d'un être cher. Et il était parti avec une partie d'elle. L'innocence de l'enfance s'était envolée.  

Peu après, elle décida qu'elle se ferait appeler Epona. Bien sûr, pas par ses parents qui continuaient de l'appeler Maya. Et au fil du temps, Maya deviendrait comme un surnom que seul la famille utilise. Celui qui si souvent fait honte.

Suite à cet incident, Epona fut changée. Elle acceptait avec beaucoup plus d'aisance de vendre les animaux, et bientôt elle se mit à participer aux ventes. Elle observait, elle s'y intéressait. Elle passait toujours autant de temps avec les chevaux, mais ne s'y attachait qu'avec une certaine distance. Elle avait grandit, d'un coup. Peut-être trop vite. Tout le monde était content de cette évolution. Elle entrait sur le chemin qui la mènerait à reprendre les rennes du commerce. Car un jour, ses parents, comme Soleil, allaient mourir. Parfois elle engendrait certains soucis, mais différents. Elle avait moins d'amis. Elle divisait son temps en deux, les moments où elle s'occupait de dresser les chevaux, l'autre où elle s'occupait de l'accueil des clients. Elle ne voyait plus ses amis aussi souvent. Seulement lorsqu'elle partait en balade pour être certaine de la docilité de l'animal. Elle même devenait plus docile. Elle aimait ce qu'elle faisait. Peut-être même plus que le reste, elle aimait écouter les histoires des voyageurs. Ceux à qui elle vendait les chevaux. Elle adorait entendre parler des différentes régions. Ses parents voyaient ça comme une technique pour mieux, personne ne peut nier aimer être écouter. Mais pour Maya, c'était une façon de voyager. Elle s'imaginait les mots qu'elle entendait. Elle pensait sans cesse qu'un jour, quand elle serait plus grande elle trouverait le moyen de partir aussi. Il n'en était juste pas encore question. Elle ne pouvait laisser ses parents derrière elle. Ils avaient finalement bien besoin d'elle.

Pour l'instant, elle se satisfaisait du temps qu'elle passait avec les bêtes. Le temps qu'elle passait à les dresser. Ce temps qui filait lorsqu'elle galopait les cheveux dans le vent. Tout ce temps là, elle le chérissait en attendant de pouvoir s'évader dans le monde.